Plus de 60 ans de vols : la France met hors service le dernier avion-citerne Boeing KC-135
Le 30 juin, l'armée de l'air française a retiré ses trois derniers Boeing KC-135RG Stratotankers, mettant fin à plus de six décennies d'opérations avec ce type d'avion. Une cérémonie solennelle s'est tenue à la base aérienne 125 d'Istres-Le Tube, où l'un des ravitailleurs a volé aux côtés de la Patrouille de France lors d'une démonstration finale.
L’avion était en service continu depuis 1964 et constituait le cœur de la capacité de ravitaillement en vol de la France. L'escadrille de ravitaillement aérien 4/31 « Sologne », qui exploitait les appareils restants, a également été dissoute suite à cet abandon. Un dernier survol de l'un des appareils est prévu le 14 juillet lors du défilé militaire du 14 juillet à Paris.
L'avion a servi pendant six décennies de rôles nucléaires et conventionnels
Les avions retirés du service ont été initialement livrés au début des années 1960. La France les a acquis dans les années 1990 et a ensuite modernisé la flotte pour répondre aux normes d'interopérabilité de l'OTAN et aux réglementations modernes de l'espace aérien. Chaque avion a été remotorisé avec des turboréacteurs à double flux et équipé d'une avionique numérique, de palettes de fret aux normes OTAN et de systèmes conformes aux normes internationales du trafic aérien.
La France a initialement reçu 12 appareils sous le nom de C-135F, qui ont finalement été mis à niveau vers la configuration C-135FR au milieu des années 1980. Pendant six décennies, ces avions ont soutenu des missions à long rayon d’action, des évacuations médicales et des opérations sur les théâtres de l’OTAN et des déploiements français à l’étranger, y compris des vols de soutien au combat au Moyen-Orient et dans les régions du Sahel. Ils ont également ravitaillé les Mirage 2000N et les avions alliés via des systèmes de tuyaux et de drogues.
Dans les années 2020, les avions-citernes étaient devenus de plus en plus difficiles à entretenir, avec des coûts de maintenance atteignant environ 23 000 € (environ 27 000 $) par heure de vol et des systèmes clés en retard par rapport aux exigences opérationnelles modernes. Au cours de leur durée de vie, la flotte française de C-135FR/RG a accumulé près de 422 000 heures de vol. Le général Stéphane Virem, commandant des Forces aériennes stratégiques françaises, a déclaré :
« Ces avions emblématiques ont servi toutes les générations de combattants français et étrangers depuis 1964 et ont été des acteurs clés de la composante nucléaire aéroportée. »
Les KC-135 à la retraite seront réactivés pour les missions de ravitaillement civil

Le KC-135 a été développé à partir du prototype 367-80 de Boeing, la même plate-forme qui a conduit au Boeing 707 commercial. Ce type d'avion a été introduit pour la première fois par l'US Air Force en 1957 et est devenu le premier avion-citerne à réaction, servant de base à plusieurs variantes, dont le RC-135 pour la reconnaissance, l'EC-135 pour la guerre électronique et le C-135 pour le transport.
Sa conception s'est avérée durable et adaptable, ce qui a permis des mises à niveau continues grâce au remplacement des moteurs, à la modernisation de l'avionique et à des modifications spécifiques à la mission au fil des décennies de service. Les KC-135 français comprenaient des variantes C-135FR et KC-135RG.
Avec leur retraite du service français, les avions sont transférés à la société américaine Metrea pour une utilisation continue. La société a acquis les 14 anciens KC-135 français et prévoit d'en remettre plusieurs en état de vol pour des travaux de ravitaillement commercial. Les avions sont actuellement stockés à la base aérienne de Nîmes et restent dans un état préservable. Metrea espère notamment que le premier appareil volera à nouveau d’ici la fin de 2025 dans le cadre de contrats avec la marine américaine et d’autres partenaires militaires.
Le rôle de la France en matière de ravitaillement aérien désormais assuré par l’A330 MRTT

La France a comblé le vide opérationnel laissé par la flotte de KC-135 grâce à l'Airbus A330 Multi Role Tanker Transport. L'avion, connu sous le nom de Phénix en service national, assure désormais à la fois des tâches de ravitaillement en vol et de transport longue distance.
Lecture recommandée :Icelandair retire le Boeing 757-300 après plus de 22 ans
La France a entamé la transition vers la plateforme A330MRTT dès 2018 pour assurer un soutien ininterrompu aux opérations nucléaires et conventionnelles. Elle a initialement commandé un total de 15 appareils, dont 13 ont été livrés mi-2025, et les deux derniers sont attendus d'ici 2028. Toutes les unités sont basées à Istres au sein de la 31e Escadre stratégique de ravitaillement en vol et de transport.
L’A330 MRTT offre une avancée significative en termes de capacités. Il peut transporter jusqu'à 111 tonnes de carburant (plus que le KC-135) et prend en charge les systèmes de ravitaillement à flèche et à tuyau et drogue, ce qui lui permet de desservir une plus large gamme d'avions récepteurs en une seule mission. L'avion transporte également jusqu'à 272 personnes, 45 tonnes de fret ou 40 civières pour l'évacuation sanitaire. De plus, il dispose d'une autonomie sans ravitaillement de plus de 14 800 kilomètres, ce qui lui permet d'opérer sur tous les théâtres d'opérations sans base avancée.
Subscription
Enter your email address to subscribe to the site and receive notifications of new posts by email.
